L' Abbaye de Boulbonne

Dun, comme tant d’autres communes, a eu « affaires » (au pluriel) avec la prestigieuse abbaye de Boulbonne … surnommée : « Le Saint-Denis des Comtes de Foix » !

 

Petit rappel : Boulbonne, c’est 7 siècles d’histoire !

Fondée vers 1129, près de Mazères, ses précurseurs furent, semble-t-il, d’ordres bénédictins.

En 1150, la communauté fait son entrée dans l’ordre de Cîteaux et est protégée par les comtes de Foix qui s’y font enterrer.

A l’époque cathare, l’abbaye bénéficiait déjà d’une belle renommée et … d’une belle richesse. Cet immense foyer de vie culturelle et religieuse joua également un important rôle politique et économique tout au long de son histoire.

L'abbaye est incendiée puis démolie en septembre 1567 lors des guerres de Religion.

A partir de 1632, l’abbaye est transférée de Mazères à Cintegabelle où elle résiste jusqu’à la Révolution et sa vente aux enchères

L’un des premiers papes d’Avignon, l’ariégeois Jacques Fournier, inquisiteur sur sa demande et qui poursuivra les derniers cathares entre 1318 et 1325, deviendra Benoît XII en 1334, sortait de ses rangs ainsi que le cardinal Novelli qui joua un rôle dans le procès des Templiers

 

Et concernant Dun ?

Si vous avez parcouru l’histoire du château de Dun, vous savez que ce dernier fut « annexé » par la famille de Lévis lors de la Croisade contre les cathares…

 Roger Bernard de Lévis, seigneur de Mirepoix, successeur de son père Jean de Lévis, mort en 1369, fut obligé de payer les dettes accumulées par ses prédécesseurs, et lui-même, à l’Abbaye.

 Cette entrevue fut ménagée par Gaston Fébus le 23 octobre 1391 et Roger Bernard dû leur donner, entres autres :

- Le lieu de Dun (domaine de Dun) comprenant, entres autres, une borde hors de la ville, plusieurs parcelles et maisons situées sur le territoire de Rogles, la forêt du Cormier, un moulin sur le Douctouyre, terres et maisons de Dun

 L’abbaye prit possession de ces biens. Un paréage conclu le 3 décembre 1397 avec le roi vint sceller définitivement l’abandon d’une partie du patrimoine de la maison de Lévis au profit du monastère.

De la cinquante de baux retrouvés concernant les ressources financières de l’abbaye au XVIIIe siècle, une première série, datée de 1749 et 1752, concerne, entres autres, la propriété de Dun (les baux à ferme).

Il faut noter que les religieux laissent peu de place aux initiatives personnelles. Les actes tracent d’une façon minutieuse les obligations des exploitants. Les travaux d’amendement des terres font l’objet de préoccupations souvent exprimées. Ainsi, le fermier de Dun est tenu après la récolte de fumer les terres « en consumant ou en faisant pourrir les pailles » qui en proviennent précise le contrat.

Les recommandations les plus nombreuses concernent l’entretien du capital arboricole. La plupart des contractants sont tenus de planter chaque année une quantité d’arbres correspondant à l’importance de l’exploitation. Tous les baux, ou presque, en font mention. .. Pour parvenir à pallier les effets d’un déboisement intensif et à accroître la production des fruits ou du bois d’œuvre nécessaire à leurs besoins. Cette politique de reboisement s’accompagnait d’autre part d’interdictions visant à protéger les rares bois taillis dispersés sur leurs domaines, comme à Dun où les religieux recommandaient en particulier de protéger le bois d’aulne.

L’écurie du monastère abrite quatre chevaux et deux juments nourris avec le foin provenant, entres autres, de Dun.

En 1749, la plupart des charrois mentionnés dans les contrats furent réservés au transport du vin, de matériel de construction, de charretées de foin provenant de Dun où les habitants avaient eux-mêmes l’obligation de participer à la réparation du moulin en cas de dégâts provoqués par les inondations.

 Les moines hébergeaient sans arrêt de nombreux artisans occupés à compléter l’ornementation et l’ameublement de l’église ou du monastère. On trouve ainsi dans les listes, vers 1749, un certain Pierre Baby de Dun, menuisier.

A la Révolution, le procureur mentionne les tentatives de récupération opérées sur les forêts. A Dun, la municipalité intervient pour arrêter les travaux des bûcherons dans les bois de « Cornis » et de « Matabiau », devenus biens nationaux.

La commune porte également devant la justice ses réclamations concernant des droits d’usage car l’Assemblée Nationale avait aboli les droits seigneuriaux, les privilèges et les dîmes. Mais, elle les avait aussi déclarés rachetables ! Les assujettis devaient donc, en attendant, continuer de payer ces « taxes » !

En 1791, très certainement lors de la vente aux enchères de la Révolution, le sieur Jean Dénat, de Mirepoix, acquit pour une somme de 60 000 livres les droits de lods  (droits de mutations dont devait s’acquitter le tenancier lors de la vente d’une terre) et de ventes, le moulin farinier de Dun avec ses terres labourables, près, bois, vignes et la maison contigüe utilisée jusque-là par les religieux à l'occasion de leur séjour à Dun


Références

* Boulbonne - Le Saint-Denis des Comtes de Foix - Roger Armengaud – Ed. Mazères (1993)

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